Le point du jour

Ne ratez pas « Le point du jour », l’apériodique de l’ECF, numéros téléchargeables en fin d’article !

Vive le Point du Jour!

Jean-DanielMatet

Á  six semaines des Journées de Rennes, les 11 et 12 juillet, préparées attentivement par la commission d’organisation et le directoire de l’ECF, de nombreuses précisions sont attendues. Le titre «Au début du 21ème siècle, comment nait le désir du psychanalyste» rebondit sur celui des Journées 38 («Comment on devient psychanalyste au XXI° siècle»). Si le premier questionnait les fondements logiques de ce qui autorise l’acte de l’analyste, le second interroge l’émergence de ce curieux désir qui répond à la demande d’un analysant. En 1976, dans la Préface à l’édition anglaise des Écrits (Autre écrits, p.572), Lacan nous propose de ne pas en rester aux raisons immédiates (installation et aspiration matérielle), pour questionner sa résonance dans l’inconscient, dans l’hystoire telle que l’analyse en son terme peut l’éclairer.
Le Journal des Journées a joué un rôle essentiel pour les Journées 38 et pour leur retentissement dans l’AMP. Il a relancé l’envie de chacun d’intervenir pour mettre de la vie dans nos projets d’Ecole. Á peine celui-ci s’est-il fermé, que la voix des instances de l’ECF, de ses membres, des nouveaux venus qui ne le sont pas encore, cette voix s’est faite trop discrète. Nous avons besoin d’un haut-parleur. Cela, bien au contraire, n’invalide pas la pertinence des supports papier, du site ou des messages sur les listes électroniques. Chaque vecteur a sa  place. Mais il manque un porte-voix qui, en direct, fasse valoir les questions du moment. Pour Question d’Ecole du 11 avril ,qui connut un succès d’affluence avec plus de 500 participants, les listes ont joué leur rôle, mais ont aussi trouvé leur limite.
Alors, le voilà, celui qui devient le media de nos échanges immédiats entre le Conseil, le Directoire et toux ceux qui dans l’Ecole se sentent concernés par son devenir. Il paraitra dans une forme électronique simple, empruntant la voies des listes, aussi souvent que notre activité l’exigera. Il prend en compte une nouvelle temporalité de notre vie institutionnelle qui nécessitent un retentissement de nos travaux au-delà du petit cercle de leur élaboration. «Questiond’École» du 11 avril montra la forme que peut prendre un nouvel enseignement sur la passe.
Rennes sera donc le moment d’interroger les AE sur leur lecture du désir de l’analyste, avant et aprè la passe, et nous souhaitons que les membres de la commission de la passe qui souhaitent poursuivre leur enseignement y trouvent une nouvelle occasion.
Le Point du Jour nous informera, nous rappellera le calendrier des évènements à venir et leur importance. Le débat sur les thèmes de Rennes a déjà été engagé sur le blog de la commission d’organisation. Nous voulons plus encore et connaître le détail de ce qui va nous occuper pendant ce week-end de juillet. Ce sera aussi pour les membres de l’ECF une nouvelle forme de leur Assemblée générale. Nous en reparlerons dans les prochains jours.
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A vos plumes

Le point du jour n°2

Le point du jour n°3

Le point du jour n°4

Le point du jour n°5

Le point du jour n°6

Le point du jour n°7

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Comment naît le désir du psychanalyste au XXIème siècle ?

Nathalie Georges

Depuis dix ans que nous avons enterré le XXème siècle, il me semble que la pertinence de l’École pour la psychanalyse s’éprouve toujours plus : caisse de résonance ou champ magnétique, l’école est devenue un, sinon le laboratoire où s’expérimente la radicalité des réponses obligées à une question qui se fait à la fois de plus en plus saugrenue et insistante : Comment peut-on être parlant ? L’École est là pour nous rappeler que si on peut, on doit, et aussitôt le cahier des charges de l’auditeur potentiel tombe sur les frêles épaules de celle ou celui que la parole assiège (de l’intérieur, qu’il n’y  pas). Il va falloir énoncer en sachant qu’on ne sait pas ce qu’on dit et qu’on est responsable de l’entendu, sans compter les effets boomerang ; énoncer quoi ? rien, for sa propre réponse à la question “Comment naît le désir de l’analyste au XXIème siècle ?”, et ce dans une langue claire et distincte, selon un plan articulé, comportant une démonstration susceptible d’être transmise et surtout d’intéresser l’auditeur honnête et bienveillant, sans doute, mais pas moins exigeant, attendant du nouveau et possiblement voisin de sa propre méchanceté. Indifférents s’abstenir.

Ce désir, comment l’attraper quand il naît, une fois, la première ? Renaît-il, ensuite, à chaque fois qu’un nouveau candidat se présente à l’analyse? Est-ce l’index du point de réel de la rencontre, manquée dans son principe et néanmoins opérante, pour peu (et quel peu…) que l’analyste supposé soit capable de diriger une cure, c’est-à-dire qu’il sache qu’alors il se doit (en qualité d’analyste candidat, lui aussi) d’en repérer précisément les coordonnées ?

L’ayant dit ainsi, je souscris à cette thèse. Oui, le désir de l’analyste renaît à chaque fois que le transfert, qui était au commencement, avant que, soudain, il s’actualise, oblige l’analyste à reprendre avec lui ce qui a nom psychanalyse, soit la sienne propre, mais pas sans l’autre, celle de la civilisation, en refondant ce commencement même, sous le regard des deux Freud, des quatre Lacan et des quelques autres vivants qui l’écoutent et misent avec lui sur le renouveau de ce qu’il faut bien appeler une discipline.

Simon, passé la trentaine, venu en proie à une douleur qui le submergeait consulter sans rien savoir, dit-il, de la psychanalyse, ni supposer qu’une part ignorée de lui-même se repaît de cette torture, a commencé à rêver d’abondance depuis qu’il est allongé. Il me reproche aussitôt de ne pas lui délivrer l’interprétation qui lui manque à l’horizon du miroir où il s’est perdu. Dans l’espace/temps continu qui unit et sépare chacune de ses séances de toutes les autres, le désir singulier de savoir comment m’y prendre pour saisir dans les rets de sa parole les signifiants qui le lestent, ceux qui le paralysent tressant le pont suspendu au dessus du vide qui n’est qu’à lui et qu’il va aussi falloir qu’ils fassent semblant de sédimenter, comblant avec « ma personne », un temps, ce temps qu’il faut, ce désir me surprend : combien de temps me faudra-t-il pour savoir si oui ou non, l’analyse, la vraie, l’aura, si elle ne l’a déjà, mordu ?

Je conclus, provisoirement, avec cette citation des Autres écrits (page 338) dont Monique Amirault a fait argument, le 20 novembre dernier, en envoyant sa proposition d’intervention pour Rennes : “Il [l’analyste] a à s’égaler à la structure qui le détermine, non pas dans sa forme mentale hélas ! c’est bien là qu’est l’impasse, mais dans sa position de sujet en tant qu’inscrite dans le réel”.

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“Ceux que nous entendrons nous dirons comment ils ont franchi ce pas”

Philippe De Georges

Les Journées d’étude de l’École se suivent. Elles se ressemblent et ne se ressemblent pas. À peine passé l’évènement que furent les journées dites d’automne, le couvert est remis. Et c’est, cette fois-ci, à Rennes que le public est invité à se déplacer en nombre. Ce qui est nouveau, déjà… c’est que cette rencontre renoue avec un ancien rendez-vous tombé en quasi désuétude, celui des Journées que l’École organisait, autrefois, dans ce qu’il est convenu d’appeler les provinces. L’habitude était passée, et seules deux occasions nous ont conduits à prendre un autre chemin que celui de Paris. Ce fut à Nantes, puis à Nice, plus récemment. Rennes, donc, occasion d’un dépaysement, rompant les habitudes prises, dont on sait qu’elle sera marquée par l’hospitalité bretonne et l’énergie mise par nos collègues rennais au service de la cause freudienne. A Rennes, et sur un thème dont on a pu noter à la fois le lien avec celui des dernières Journées d’étude, pour aussitôt noter la différence profonde : il ne s’agit plus, en effet, comme dans une suite, de témoigner du rapport que les analystes du XXIème siècle entretiennent avec leur inconscient, mais de dire comment naît ce désir, d’être analyste. Ceux que nous entendrons nous dirons comment, au décours de leur cure, ils ont franchi ce pas, comment ils ont décidé de tenir à leur tour cette place impossible pour des sujets en demande d’analyse. Lacan a souligné (dans le Séminaire sur l’acte analytique) ce qu’a de paradoxal ce pas franchi soudain. C’est, en effet, au moment où quelque chose chute du côté de son analyste, que l’analysant peut se trouver conduit à assumer cette fonction que marque plus la destitution programmée que le prestige. Chaque exposé qui nous sera présenté éclairera ce point, que nulle évaluation ne peut cerner, mais seulement la reconstruction qu’en fait un sujet avec les contingences de son histoire et les surprises de son expérience analytique. Jamais le même et toujours étonnant, tel est le pas franchi de l’analysant à l’analyste.

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Référence 1

Daniel Roy


Serge Leclaire : Vous nous avez parlé du symbolique, de l’imaginaire. Mais il y avait le réel, dont vous n’avez pas parlé.

Jacques Lacan : J’en ai tout de même parlé quelque peu. Le réel est ou la totalité, ou l’instant évanoui. Dans l’expérience analytique, pour le sujet, c’est toujours le heurt à quelque chose, par exemple le silence de l’analyste.”

(Lacan J., “Le symbolique, l’imaginaire et le réel”, Des Noms-du-Père, Paris, Seuil, 2002, p. 53)

Comment naît le désir de l’analyste ? La première réponse qui vient, en appui sur cette citation, est : pour que naisse chez un analysant le désir de l’analyste, il faut qu’il se heurte à quelque chose “de l’analyste”. Le réel lui vient par là, dans l’expérience analytique. Ailleurs, soit il vous engloutit, soit il est à jamais “toujours perdu” : où il se voit qu’il peut être identifié à la jouissance.

C’est bizarre que le réel, qui peut donc être identifié à la jouissance toujours perdue et pourtant susceptible de vous engloutir, soit rencontré “dans la personne de l’analyste telle qu’elle est constituée dans son être”, pour citer Lacan dans la page suivante. C’est bizarre, mais Lacan indique que “c’est un fait de l’expérience analytique”.

Mais de quel ordre est donc ce “heurt” ? Lacan nous aide, en donnant un exemple : le silence, qui fait “heurt”, quand il devient “le silence de l’analyste”. Il faut quelquefois longtemps, mais d’autre fois c’est fulgurant, pour que le silence, toujours présent dans une séance, soit que l’analysant le comble absolument, soit qu’il se plaigne du sien, surgisse comme un attribut de l’analyste, c’est-à-dire comme l’indice d’un désir absolument énigmatique, qui, soudain, peut faire “totalité” – et alors c’est l’angoisse -, ou bien s’évanouir dans l’instant – laissant le sujet dans une tristesse sans fond.

Nous parions donc que l’on trouvera, à chaque fois, ce heurt lors de l’acte de naissance du désir de l’analyste.

Comme l’indique Lacan dans le paragraphe suivant, à propos des rêves que l’analysant produit, le désir de l’analyste à venir “porte la marque absolument saisissante de la réalité de l’analyste”, de son analyste. Ça passe par là : on le sait, parce qu’on s’y cogne, on ne veut pas le savoir, parce que c’est le pôle exquis de la contingence. Ça vous arrive “à cause de” l’autre, et c’est vous que ça regarde. Est-ce comme cela que vient l’idée d’occuper la place de cet autre-là pour un qui pourrait s’y heurter ?

Voilà qui sera à vérifier…

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